Mon premier propos,était de ne traiter que de forces. Je ne peux cependant pas parler de "Boutonnet" sans évoquer brièvement
les personnes qui portent ce nom et leurs descendants qui ont eu la
gentillesse de me recevoir. J'ai ainsi appris l'histoire de la famille
et de la réalisation qui à fait sa notoriété.
Je me dois d'ajouter sans aucune flagornerie que les forces "boutonnet"
sont, parmi toutes celles que je possède, de mes préférées. La
fabrication est passionnante, le fini est agréable, et la forme est un
régal pour l'œil.
La famille Escudié-Boutonnet
Les traces les plus anciennes de l'entreprise remontent à 1784 à Mazamet
dans le Tarn avec Raymond Boutonnet.
C'est en 1851 que la maison Boutonnet avec Xavier crée les "ciseaux à peler".
Ces forces ne servent pas à tondre la laine sur le dos des moutons, mais
à délainer les peaux.
L'industrie du délainage fait de Mazamet une ville industrielle dès le
milieu du XIXème siècle.
Les peaux qui arrivaient "séchées", "reverdissaient" dans différents
trempage. Elles étaient ensuite "sabrées" à la "sabreuse" pour enlever
les impuretés, puis fermentaient pour préparer l'étape
suivante.
C'était "l'épilation" par "couteau à peler" - fabrication Boutonnet -
avant finition de la peau aux "ciseaux à peler" - création Boutonnet
- .
En 1902, la maison Boutonnet
devient Escudié-Boutonnet. Louise, la fille
de Xavier Boutonnet a épousé Pierre Escudié lui-même
ouvrier chez son beau-père (Tous les deux sont à gauche sur la photo -
1911).
Les outils fabriqués à la coutellerie - dont les forces - porteront
toujours l'estampille "Boutonnet".
Jusqu'à la fin du XXème siècle, la maison Escudié-Boutonnet
fabriquera ces ciseaux à délainer ainsi que d'autres outils inventés
pour faciliter ce travail de délainage.

Les ciseaux étaient aussi entretenus à la coutellerie. Les
délaineurs les apportaient pour affûtage quand ils ne coupaient
plus.

Fin Décembre 2001, la coutellerie cesse son
activité.
N'étant pas historien, je ne développerai pas plus l'histoire de la
famille Boutonnet.
Je tiens à remercier ici même Madame Marthe Escudié et sa fille
Madame Brigitte Albert ainsi que leurs proches pour leur accueil et leur
gentillesse.
Les
forces Boutonnet
A partir de ce qui m'a été dit,
des pièces détachées qui m'ont été offertes par la famille
Escudié-Boutonnet et de mon imagination, j'ai reconstitué - je le pense
- le processus de fabrication des forces Boutonnet.
Le
ressort
est la plus simple des pièces.
Dans un premier temps, découpage et préformage …
… puis mise en forme du ressort …
... enfin chauffe et
trempage.
Plus tard, rivetage sur les lames.
Le fait de riveter le ressort et les
lames, permettait, en cas de problème de changer facilement de ressort.
Les
lames son d'abord découpées dans
une feuille de métal pour obtenir
la pièce suivante.
Les lames sont ensuite
embouties pour leur donner ce galbe
extraordinaire (transversal et longitudinal) que je n'ai encore jamais
vu sur d'autres forces.
Elles passent encore une fois à
la presse pour donner sa forme à la
poignée.
 On
voit bien sur les photos suivantes
les marques de la presse sur les deux faces de la pièce. Les trous de
fixation doivent être faits à ce moment là.
Enfin le trempage donne aux lames la
qualité requise.

Il ne reste plus qu'à riveter
les lames sur le ressort pour obtenir ça !

Ah non, ce n'est pas fini, les
lames ne coupent pas. Elles ne sont pas encore aiguisées.
Allez, un p'tit coup d'meule …
… et
c'est fini.
Savez-vous que …
… chez Boutonnet, il n'y a
qu'une taille de forces ?
Moi je ne le
savais pas et je les mesurais (avant d'en acheter) pour savoir si je ne
l'avais pas déjà.
Eh bien j'étais
dans l'erreur.
S'il y en a des grandes et des petites,
c'est tout simplement parce qu'elles ont plus ou moins d'âge … et
d'aiguisages.
Et l'aiguisage
ça use!!!
La preuve :
respectivement
: 37 cm; 30
cm; 25,5cm
et
une même taille de ressort et de
poignées
… et
savez-vous aussi que …
… chez
Boutonnet, il y a des forces pour droitier et des forces pour gaucher ?
En
voila la preuve.
 
la lame mise en mouvement par les
doigts est toujours au dessus. Sans doute pour ne pas risquer de pincer
la peau.
Je n'ai encore
jamais vu ça ailleurs.
… et
enfin que …
…
Boutonnet fabriquait aussi des forces … à tondre - ce qui est quand même
la première destination des forces.
 
… et
voila !

Encore merci à tous
les membres de la famille Escudié-Boutonnet qui m'ont permis de réaliser
cette page.
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